Jeudi 29 avril, Singapore, Martine.
Et c’est reparti pour les formalités : dès le matin, recherche de l’ambassade Thaï pour l’obtention des visas. Nous redoutons qu’on nous fasse le
coup du billet de sortie, mais là encore, pas de difficulté. Il faudra tout de même repasser demain pour chercher les passeports. Puis on file
(sous la pluie, car il pleut très fort depuis cette nuit) à la recherche d’American Express pour obtenir le précieux fluide à voyager, mais surtout
prendre notre volumineux courrier, le lien avec la mère patrie si lointaine, et avec les notre. Pas déçus ; une dizaine de lettres et un paquet. Sans
complexe, on s’installe dans les confortables fauteuils du hall climatisé du grand hôtel voisin pour lire le courrier. Bonnes nouvelles des copains
du Canada, de Grenoble, de Janou. Très émouvant de découvrir qu’au-delà des mers tout le monde pense à nous ! Retour sur la très longue et
très commerçante Orchard road ; nombreuses haltes dans les (trop) nombreux centres commerciaux. C’est une affaire qui tourne, et ce n’est
pas fini : d’innombrables immeubles sont en construction, tous plus prometteurs (et promoteurs) les uns que les autres. {Nous assistons à la
naissance des « dragons commerciaux » de l’Asie ; comme en témoignent nos photos, les constructions modernes font irruption au milieu de
l’ancienne Singapour, étape obligée des paquebots en route pour l’Indochine et l’extrême orient, et remplacent les vieilles bâtisses, tandis que la
rivière est encore encombrée de sampans en ruine…}.
Nous ne résistons pas longtemps à la tentation, en bon consommateurs capitalistes que nous sommes ! {On n’avait encore rien vu !} Sous-
vêtements pour moi, petite calculatrice pour Gérard. {Encore pratiquement inconnue en Europe, cette merveille qui fait les 4 opérations et
extrait les racines carrées me servira bien 10 ans avant qu’apparaissent les machines programmables}
Les commerçants sont super-chiants : on nous harponne jusque dans la rue pour nous faire entrer dans les boutiques, et si l’on n’achète rien,
c’est la triste mine assurée. Quant à obtenir un renseignement, pas facile. Nous nous retrouvons seuls le soir pour manger notre martabak chez
l’indien du coin en dégustant un sugar cane juice acheté à une petite charrette ambulante. Guy et Jacques sont déjà repartis pour la côte est et
Bangkok.
Singapore, vendredi 30 avril, Martine.
On termine quelques lettres en dégustant ( ?) le petit déjeuner, et on file à la poste centrale. Bien nous en prend, car nous avons deux lettres :
une des « petits le Jarriel », postée… le jour même de notre arrivée à Makassar, et une autre de Philippe et Jocelyne. On se promène dans le
coin, puis on mange à proximité du port, dans un des ces innombrables petits restos improvisés. Puis on s’oriente de nouveau vers l’ambassade
Thaïe non sans avoir rendu visite à un récent ensemble commercial. Gérard, qui regrettait déjà son achat d’hier et réfléchissait à d’autres choix
pour son calculateur, parvient à l’échanger contre un plus perfectionné pour la modique somme de 35 $. Ah les affaires ! {J’ai un peu honte de
cette attirance consumériste, mais il faut réaliser qu’en 1976 les calculatrices électroniques sont pratiquement inexistantes en Europe : une