Aux Etats-Unis
Carnet
passent. Même après deux mois sur le Nouveau Monde, ça nous surprend encore… Un type bâti comme une armoire à glace s’arrête enfin, et Ô
miracle, nous annonce qu’il va aussi à New Orleans. Lui ne boit pas. ? Mais il fume, et pas du tabac… On l’aide un peu. Il a l’air de bien
supporter. Sympa, mais magouilleur en diable si on le croît… Mais peut-être en rajoute-t-il ? Quelques heures agréables en sa compagnie ; il
nous paye même un repas dans l’inévitable KFC de la route n° 10. Il nous abandonne en fait à 10 km de N.O., et l’ultime étape s’effectue dans
une camionnette, assis au fond de la benne, cheveux au vent, en compagnie d’une joyeuse bande de paumés qui eux aussi fument des choses
bizarres… Et nous voilà au centre de la grande ville vers 17 h 30 : 8 h pour faire 600 km en stop… pas mal !
En habitués, nous retrouvons l’hôtel La Salle, déjà essayé à notre dernier passage, avant l’Amérique Centrale. Repas rue Bourbon, et on file au
central de bus chercher nos sacs, qui ont la bonne idée d’y être… Nous expédierons aussi quelques cadeaux achetés au Mexique, que nous
distribuerons en rentrant…
Samedi 31 janvier, New Orleans, Martine
Lever pas très tôt. Préparation des paquets pour la Poste. On a vraiment du mal à préparer les emballages, trouver le nécessaire… {Ce départ
pour l’Orient via le Pacifique nous semble presque un « voyage sans retour »… En tous cas, l’inconnu total. On expédie nos affaires en
France comme on brûle ses vaisseaux…} Pas moyen de se procurer des sacs en papier, du carton… Au pays du gaspillage roi ! On finit par « faire
les poubelles » des grands magasins pour récupérer des emballages, des sacs en plastique. On pense les revendre en Orient un jour de dèche…
Compliqué, les envois : on fait la queue, on essuie des refus pour non conformité des paquets. {A l’époque la manie des normes n’avait pas
encore gagné la France !} 5 $ pour un paquet d’un kilo, avec assurance, par bateau.
Puis on se rend à la Lykes. Le bateau « partirait » lundi. Mais personne n’a l’air certain de rien. {On n’avait pas tout compris de la logique de
chargement d’un cargo « Far-East clipper » : c’est pas un ferry ! Le chargement commande ; le bateau assure une « mission » spécifique, il
approvisionne un chantier en Indonésie : pas question de partir tant qu’il manque une vis.} L’aprème se passe en ultimes achats {comme si on
quittait la civilisation, on se dépêche d’acheter des chaussures, des pantalons, une paire de jumelles… De quoi donc va-t-on manquer ?} Il pleut
des cordes et on rentre à l’hôtel trempés. Ce soir, on est de sortie, invités par un américain francophile rencontré au hasard des rues. On y va en
bus toujours sous une pluie battante. Le type est un adepte d’une secte orientale (justement !). A ce titre il nous concocte un riz (complet)
agrémenté de tomates, poivrons, bananes, raisins et blue cheese, sous l’œil très suspicieux de Gérard qui rêve d’un bon curry réunionnais. C’est
mangeable malgré un arrière goût curieux. Notre hôte est instituteur, et je lui apprends quelques chansons enfantines en français, souvenirs de
colos… Il faut nous voir (et nous entendre) entonner « Lundi matin… » !