Aux Etats-Unis
Carnet
Les Etats-Unis
{Impression générale : l’Amérique d’Epinal. Comment y échapper ? On voit à quel point la culture Yankee nous a bercés. La bouffe : rapide ou
trop chère pour nous. Seul le Breakfast nous comble.
Noter aussi à quel point il se vérifie que l‘Amérique de 1975 préfigure l‘Europe de 2000.
N’oublions pas de parler de ce symbolique pèlerinage aux origines de l’immigration européenne : nos oncles et tantes plus ou moins lointains.}
Mercredi 29 octobre. New-York; Gérard
Déjà presque une semaine passée à New-York , après une longue nuit de bus qui nous a donné le premier aperçu de « l’Amérique », et si peu de
temps pour écrire…
Le passage de la frontière, à Buffalo, marque de manière caricaturale la transition entre l’univers paisible, serein, vaste et vide, et teinté de
naturalisme du Canada (pour ce que nous en avons vu) et les « US ». La station de bus Greyhound de Buffalo est surpeuplée en plein milieu
de la nuit ; on y voit des voyageurs exténués endormis devant des postes de télé dans des fauteuils de plastique, des gens aussi qui semblent
n’avoir nulle part où dormir ; une majorité de noirs, tout à coup, et beaucoup de gens « en surpoids ». {Un dicton populaire assure que les bus
sont le moyens de transport « des portoricains, des noirs et des profs »}. Une image d’Epinal de l’Amérique en quelque sorte. L’ambiance (est-
ce la nuit, la fatigue ou une idée préconçue ?) est pesante, légèrement hostile, tendue. Une légère inquiétude plane.
New-York, 9 h du matin. Ah ! New-York ! Miroir et phare de l’Occident.
Première impression dantesque. {C’est ce qui est écrit à chaud dans le carnet}. Trépidant et tournoyant, d’une activité incroyable. La ville est
moche et sale, les gens semblent peu amènes, il y a des flics partout, et le métro est incompréhensible. Il faut dire que nous découvrons les lieux
non pas par Greenwich Village, mais par la gare de bus.
{Nous avons ensuite appelé notre « contact » à NY : Marcel, le cousin d’une amie de la famille, immigré de longue date qui vit dans le Queens.
Son accueil sera chaleureux, précieux, passionnant en ce qu’il nous racontera l’histoire et la psychologie des migrants d’Europe, leur vision de
l’Amérique. Il sera aussi réducteur, en nous écartant du centre la nuit. Ainsi toute une part de la Grande Cité nous restera étrangère…}