Aux Etats-Unis
Carnet
Le copain bouddhiste de notre hôte, trop détaché des contingences matérielles, part seul en bagnole et oublie de nous ramener en ville… Re-bus
sous la pluie toujours, il est minuit.
Dimanche 1° février, N.O., Gérard
On passe à la Lykes par acquis de conscience : aucun succès. Le départ sera sans doute lundi. On en profite pour parcourir encore cette ville
qu’on commence à bien connaître, lire la presse (rien de bien marquant). Le soir, virée quotidienne au « French quarter » ; je me lèche les
babines devant les portes habilement entrouvertes des boîtes de strip-tease, et l’on finit par échouer dans un club de jazz, un de plus
(preservation hall), toujours aussi sympa. On retrouve le batteur de novembre, noir, avec sa tête impayable, son air de joie profonde, et son gros
nez plat. Puis Emma, aussi, toujours aussi peu « sweet » en dépit de son surnom. Et un banjo génial, pas mal noir, tête impayable lui aussi,
dents en dedans. Et un super trompette qui mène l’ensemble sur un rythme fou, embouchant parfois deux instruments…
Lundi 2 février, N.O. puis Letitia, à deux mains
Dernière virée à la poste, derniers paquets pour la famille, les parents, les grands-mères… Puis on fonce chez Hallis, qui nous reçoit dans son
bureau, nous fait les billets, et nous apprend que nous sommes en fait les seuls passagers. Rendez-vous au bateau à 13 h. On lui suggère que
c’est loin et qu’on est chargés. Il feint de ne pas comprendre et nous indique le bus, celui qui suit Tchoupitoulas, et longe Nashville warf.
Il est 11 h, on a juste le temps de rentrer au La salle ranger notre paquetage. Un hot dog et on fonce au bus. Ça traîne, j’interviewe un taxi :
2,50 $. Je dis « d’accord, je vais chercher les bagages », il ramasse un autre type et se taille ! Le bus arrive enfin, il est 13 h. Une petite demi-
heure et le chauffeur nous largue Nashville avenue.
Le temps de contourner la voie ferrée, demander notre chemin, traverser les immenses entrepôts de la Lykes, et voilà Letitia, sagement à
quai. Impression forte que ce départ, cette zone portuaire, ces entrepôts, cette ambiance « dockers ». {Nous apprendrons que la Lykes et l’une
des très grandes société d’armateurs des US, en quelque sorte l’Onassis du coin…}
Hallis est là, il nous amène à notre cabine, grande, claire, très bien équipée et confortable. Et se tire, on ne le reverra pas. Cordial, le mec !
On s’installe, mais le premier contact est rude. A bord, c’est la panique du grand départ, et nous ne pesons pas lourd là dedans ! Tout le monde
s’affaire, le steward, les marins, et à chaque question on nous répond : « on vous expliquera demain » !
Le chargement se poursuit, les cales sont loin d’être pleines, et il est de plus en plus clair que le départ n’est pas pour ce soir. On prend le repas
du soir excellent, on fait la connaissance de Jim, serveur noir du mess (des officiers bien entendu !). Et on repart en ville. Drôle d’effet, alors