Ce matin, à 7 h 30, Adriana nous réveille impitoyablement, café au lait sur le pouce, à 8 h 30, bagages pliés, on est sur la route, et à 10 h à pied
d’oeuvre à Chichèn itzá. Il faut bien ça, pour arpenter dans tous les sens les presque 10 km carrés du site, où les sympathiques habitudes de
peuples Mayas sont partout rappelées : puits pour précipiter les jeunes filles (cenotes), jeu de paume dont le perdant est promis à la
décapitation, dieu de la pluie attendant impatiemment qu’on lui jette des cœurs humains à dévorer pour daigner faire tomber quelques gouttes
d’eau, autels sacrificiels…
L’ensemble de la cité antique est assez complet, et s’y mêlent les styles Maya et Toltèque. Nous sommes surpris de rencontrer ici des
touristes : les sites que nous avons jusque là visités étaient tous déserts. Les commentaires en anglais, allemand, français et même espagnol
fusent partout. Les sculptures sont nombreuses et bien conservées : classiques guerriers armés de lances et de boucliers, frises de têtes de
morts, animaux sacrés au fronton des autels sacrificiels. Aigles, jaguars se repaissent de cœurs humains, et le célèbre serpent à plumes mis à
toutes les sauces, ornant souvent les piliers et colonnes. {L’aigle symbolique des civilisations méso-américaines, celui de Teotihuacan en tous
cas, est vraisemblablement un Pygargue à tête blanche.}
Le temps est malheureusement gris et couvert pour la visite de ce site exceptionnel, et il tombe un peu de pluie. Sans que nous ayons dû
sacrifier qui que ce soit à Tlaloc. Nous prenons des photos, mais les vues larges sont rares.
Vers 3 h après midi, épuisés par ces heures d’escalade incessante sur des escaliers fort raides, nous reprenons la route pour 150 km assez
monotones à travers les paysages uniformément plats du nord du Yucatan, pour arriver à Porto Juarez. Nous y trouvons un seul hôtel très
cher, et le temps ne s’arrange pas ; le vent se met maintenant de la partie.
Samedi décembre, Chetumal, Martine
(Hôtel Iris, très moche, 50 peso, chambre à 4.)
Le temps restant incertain, nous décidons de nous rendre directement à Chetumal, ce qui représente 400 km de route. Et il faut tout de même
voir Tulum ! Heureusement la route est très bonne et nous ne perdons pas de temps. Grâce à Tlaloc, les nuages se dissipent en route, et la
visite du site de Tulum se fait sous un joli soleil caraïbe. C’est idyllique. Les temples, quelque peu villageois, ont vue sur la mer turquoise, et
jouxtent des plages de sable blanc bordés de cocotiers. Une vraie image de dépliant. Ce dont d’ailleurs les dépliants d’aujourd'hui ne se privent
pas. Les ruines elles mêmes n’ont rien de rares, et les constructions, vues le lendemain de la découverte de Chichèn itzá, semblent bien
modestes. Le fameux « Dieu Descendant » lui-même n’est guère majestueux. Déjeuner en route à Puerto Carillo : entrées savoureuses, mais
très relevées, avec en particulier un inoubliable ananas au piment.