cabine du pilote est ouverte {quelle époque ! pas l’ombre d’une inquiétude, atmosphère familiale, Gérard va dans le cockpit parler au pilote…},
la vue est superbe sur les chapelets d’îles : Pulau Paliat et son liseré de sable blanc soulignant le bleu de la mer, des volcans bleutés, puis c’est
Lombock, et Bali, dont le sommet est encore encapuchonné. Le reef, les longues vagues déferlantes chères aux « australopithèques », la
plage, et l’atterrissage, vécu en direct par le parebrise du pilote qui a laissé sa porte ouverte. Soulagement de Gérard.
L’inévitable « bemo » (becak motor !) nous emporte vers Kuta Beach, qui n’en est qu’au début de sa gloire. Pas un hôtel en vue, mais un petit
« losmen » de bois assez propres, même les draps, dont chaque chambre donne sur une véranda où des fauteuils de rotin nous attendent pour
le déjeûner : le rêve !… Quel changement, quel plaisir !
On fait illico la connaissance d’un américain d’autant plus sympa qu’il parle français : une variété rare ! On file immédiatement essayer la plage
toute proche… Installation, baigande, bronzing, puis repas… Le soir, première visite à Denpasar la ville voisine, environ 50 000 habitants,
agréable, mais bruyante comme toute l’Indonésie.
Puis une nuit calme, uniquement troublée par quelques cris de geckos…
Mardi 9 mars, Bali, Martine.
Mark nous guide vers Sanur, où il est possible, paraît-il de voir des coraux. {Les infos touristiques sont balbutiantes, pas d’office de tourisme,
et pas d’agences de tours operators. On est obligés de s’en remettre au bouche à oreille, aux « routards » expérimentés…}.
Une barque à balancier, louée fort cher {pas de prix noté dans notre carnet} nous conduit, en quelques encâblures. Ça s’avère peu
convaincant : le courant est fort, l’esquif dérive sans cesse… On met les masques et palmes, et à l’eau. Mais les fonds sont sableux, l’eau trouble,
les poissons rares…
On n’insiste pas longtemps, car « à chaque instant il se passe quelque chose », et il y a une de ces fameuses cérémonies de crémation
balinaise à ne pas manquer… Traditionnelle négociation pour le prix d’un bemo qui nous mène à Mangwli, à 30 km environ. Le cortège suit
un grand char de bois orné de milliers de fleurs, et portant le cercueil et la dépouille. Vingt personnes le portent, tandis que le gamelan et les
femmes portant des offrandes ferment la marche. Cela n’a rien de funèbre, et si la musique paraît lancinante, elle est gaie, et les participants
aussi. Nous ne sommes pas seuls à avoir entendu parler de la cérémonie, et il y a quelques touristes. Mais ici point de formalisme, et le cortège
ne se formalise pas de notre présence étrangère.
On dépose alors le défunt dans une excavation à même le sol, et chacun dépose sur le corps une offrande : vêtement, nourriture, objets usuels…
Tout ce qui peut l’aider dans l’autre vie qu’il entreprend. Un prêtre aux ongles démesurés dit alors des prières, avant que le feu rédempteur soit
allumé (à l’aide d’un vulgaire bidon d’essence : ici, le sacré jouxte le profane le plus brut sans la moindre hésitation).