paysage assez monotone, puis on attaque une piste poussiéreuse dans un paysage de plus en plus montagneux et tourmenté. Plusieurs arrêts
« gastronomiques » ponctuent une (très) longue piste où l'on subit un interminable vibromassage et où l'on insuffle un air saturé de poussière
qui dessèche terriblement, craquelle les lèvres et irrite la gorge.
Mais pour ce prix, le paysage devient superbe : la route serpente au bord de la rivière dans un fond de vallée verdoyant, semé de trembles et de
peupliers plantés serrés qui séparent des cultures de céréales qui semblent opulentes dans ce décor. Dès que l'irrigation est impossible (en
dessus des canaux obstinément tracés en entretenus), l'aridité s'impose. Le contraste entre ces deux espaces est saisissant ! Les montagnes
profondément rayées par le ruissellement sont jaunes et ocres, le ciel devient d'un bleu... briançonnais. Progressivement surgissent de l'horizon
de hauts sommets enneigés qui ajoutent encore à la grandeur.
Les maisons ressemblent curieusement à des forteresses ceintes de hautes et robustes murailles de terre, percées d'une porte qui
donne accès aux habitations apparemment sommaires qui s'y cachent. Parfois même une tour crénelée renforce un angle de la défense et
accroît l'illusion. {Bien naïfs, nous pensions dépassée l'heure des seigneurs guerriers et la période agitée de l'Afghanistan... la suite des
événements montra bien la raison de cet habitat singulier.} a l 'approche de Bamiyan, la vallée se resserre et se borde de falaises d'un grès
rouge somptueux. Puis nous apercevons les multiples grottes creusées dans la paroi, et les immenses Bouddhas surveillant l'ensemble d'un air
impassible {la suite aussi montrera qu'ils avaient tort d'être si impassibles...} du fond de leur cavité. Nous nous installons à l'hôtel, sur des
matelas posés directement sur des tapis (de manière très orientale), et après un rapide repas, une bonne petite douche (chaude!) et une jolie
sieste, nous voilà d'attaque pour une première visite de la ville et de ses environs. Ce sera tout de même rapide, car la dite ville se résume
surtout à une série d'hôtels aménagés le long de la route principale.
Tout est prévu pour le badaud, même les prix qui sont sensiblement plus élevés qu'à Kabul. Le soir, la musique afghane accompagne le repas
pris en tailleur sur de confortables tapis {le mollah Omar n'est pas encore né;-) }. Tout autour, de nombreux afghans sirotent leur thé en
discutant calmement. Plus tard, ils insistent lourdement pour que nous nous mettions à danser sur les tapis, mais nous n'avons aucune envie de
cette exhibition, moi en particulier, devant ce parterre d'hommes. La musique se poursuivra tard dans la nuit, et lorsque nous irons enfin au lit
(façon de parler), il faudra l'aide des boules de cire pour s'abstraire de son rythme puissant et martelé.
Mercredi 30 juin 1976, Bamiyan, Gérard
Journée prévue pour l'expédition à Band-i-amir. Mais à 5 h 30, quand Guy me réveille tendrement en m'expédiant délicatement une godasse