Aux Etats-Unis
Carnet
civilisations ; foin des « parachutages « en avion}
L’altitude augmente insensiblement vers le pied des Rocheuses. Arrivés à Denver aux petites heures, on engloutit un copieux petit déjeuner,
puis on se met en quête d’une chambre pour se reconstituer un peu ; et si on essayait une de ces fameuses « YMCA » ? Religieuses en principe,
mais pas caritatives pour autant : 13 $ la chambre ! Autant dire quasi inabordable pour des routards nécessiteux. Ce n’est que la seconde fois
qu’une nuit nous coûte plus de 7 $, tarif courant des motels. Il faut dire que le confort est au rendez-vous : un cabinet de toilette dans la
chambre ! Nous en avons perdu l’habitude…
Denver nous fait bonne impression : ville vaste, aérée ; ici pas d’horizons bouché par les immeubles géants. Des rues agréables aux magasins
coquets. L’air est frais et vif, le soleil est magnifique et le temps clair. Et puis… de superbes échappées sur les Rocheuses, là bas à l’horizon
occidental. {Il y a une parenté avec Grenoble dans ce paysage, l’immensité en plus. Et le parfum de conquête de l’Ouest qui plane sur le décor}.
Mais ne nous amollissons pas. Samedi, 9 h 45, nous revoici dans un bus (pas un Greyhound cette fois-ci : ceux-ci ne desservent que les
grandes villes). Journée magnifique pour cette étape. Ciel « briançonnais ». Et très vite, c’est la montagne, la toute grande, avec des passages à
3500 m. Peu de neige cependant : est-ce la latitude, la sècheresse ? Peu de végétation, aussi : herbe rase et grise, quelques pins, des buissons…
De grands espaces entièrement dénudés. Le relief est magnifique : rochers très tourmentés, déchiquetés, aux couleurs ocre et rouille qui
rappellent ce que l’on imagine du Colorado. Les canyons encaissés que l’on suit ressemblent aux paysages emblématiques des westerns… Mais
les Indiens n‘attaquent plus, semble-t-il. A propos des Indiens, on en voit quelques uns, le long des Rocheuses ; ils n’ont plus de coiffes de
plumes, mais leurs traits et leur allure semblent sortis de gravures. L’Amérique en tous cas n’a guère de honte à leur endroit, et exploite leur
folklore et leur artisanat avec méthode comme n’importe quel produit commercialisable. {La marchandisation galopante du Monde n’est pas
encore envahissante en Europe à cette époque, et ce phénomène nous surprend.}
Il y a d’ailleurs de fort belles choses, en particulier des bijoux d’argent décorés de pierres bleues. Mais chères : il faut compter 150 F {30 $ ou
25 €) pour une jolie bague.
Nous arrivons à Grand Junction à 17 h, et trouvons une chambre fort correcte 7,50 $. En revanche, il s’avère difficile de trouver un restaurant
ouvert. A 18 h les rues se vident, les objets disparaissent des vitrines pour filer dans des coffres… {Là encore, l’atmosphère d’insécurité, de
méfiance, de surveillance nous surprend : elle n’est pas encore à l’ordre du jour en France.}
Et demain, départ à 7 h pour Salt Lake city.
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