La Thaïlande
Mercredi 5 mai, train Kota-Bahru – Bangkok, Gérard.
Mal réveillés, sous la pluie, nous montons tous les 4 dans un taxi sans être bien certains qu’il a compris où on veut aller. Comme s’il y avait 50
solutions !
La frontière est vite atteinte, et de l’autre côté du pont style « Le Passage du Rhin », c’est la Thaïlande.
Ce n’est qu’en remplissant les cartes d’immigration que je me réalise que c’est l’anniversaire de ma chère femme !
Les formalités sont des plus aisées (c’est toujours imprévisible) : les douaniers sont en train de faire la pause cigarette et ne daignent pas
baisser les yeux sur nos sacs. A part les chèvres sur la route, la voie ferrée, en fait partout, et l’écriture désormais indéchiffrable (par nous en
tous cas), ça ressemble fort à la Malaisie (non ?!).
Je cherche en vain du regard les si belles Thaïlandaises… Après un thé difficile à se faire servir (nous entrons dans le monde des langues
tonales où le moindre échange verbal devient aléatoire…), on embarque dans le train, qui est très correct et pas trop plein. Les gens ne font
pas assaut de sympathie, mais sont rigolards : ça rappelle un peu l’Indonésie tout de même.
Nos deux compagnons de route rescapés s’avèrent être le genre de taureaux qui laisseraient bien crever l’humanité entière plutôt que de retirer
leurs pieds du siège d’en face ! Avec vingt petites minutes de retard, le dur se taille enfin. Ouf ! on commençait à cuire ! Et commence le défilé
des petits villages thaïs, peu différents au début, et du paysage qui peu à peu s’aplatit. Hévéas et rizières se succèdent ; les maisons semblent
rudimentaire et pauvres, même si la télé a l’air très répandue. Le langage, comme prévu, est imbitable, et les phrases indonésiennes qui nous
viennent sont désormais bien inutiles. Les repas au wagon restaurant ne sont pas merveilleux, mais chers, et on ne sait pas du tout ce qu’on
commande… De toutes manières, on obtient toujours du riz frit.
Au beau milieu des rizières parfaitement plates poussent maintenant de petits chaînons calcaires très abrupts, qui ressemblent au verrous de
Pont de Claix. (Et aux rocs de la Baie d’Along). Avec les paysans dans les rizières, cela compose de bien jolies scènes bucoliques. Photos.
Nombreux oiseaux aussi ; une chouette brahmane sur un poteau télégraphique, nombreux hérons, rapaces improbables, puis le soir tombe.
Dans le train, le whisky local aidant, l’ambiance monte. Les jeunes chantent, hurlent à la traversée des tunnels. Les soldats, comme tous les
soldats du monde, font les cons ; il y en a même un qui tire un coup de fusil et se fait embarquer par des officiers. {Eh oui ! En ces temps reculés
les trains sont emplis de « trouffions » appelés, en Thaïlande comme en France…}.