Dimanche 9 mai, Bangkok, Gérard
Comme à l’accoutumée, le bus ne fait pas ce qu’on espère, et nous abandonne à (?) km du but. On traverse alors la ville chinoise à pieds, ce qui
n’est finalement pas sans intérêt !
Fabricants de cercueils, guérisseurs d’hémorroïdes aux affiches arborant des photos explicites montrant en détails l’avant et l’après, marché
proposant des nourritures plus ou moins improbables et non identifiables…
Enfin, au bout d’une rue interminable, un monceau de touristes : c’est bien le Wat Pho qui trône là, dont le toit de céramiques étincelle de
mille feux au soleil des tropiques !
On prend le temps de déguster un verre d’ « Ais Teki », et on tombe sur Guy. (Que nous surnommons astucieusement, depuis l’Indonésie :
« Docteur gigi ». (C’est ainsi que se nomme le dentiste en javanais, NDLR). Le zèbre vient d’arriver du sud du pays il y a 3 ou 4 jours, et ça nous
fait grand plaisir de le retrouver.
Le Wat Pho, en toute simplicité, abrite la modique somme de 354 Bouddhas dorés sur tranche, presque identiques, siégeant côte à côte sur
leurs socles rehaussés d’éclats de miroirs et de faïences. L’effet est spectaculaire. En prime, un gigantesque Bouddha couché, bien à l’étroit dans
son temple. Mais l’homme en a vu d’autres et reste serein. Les touristes allemands de Neckermann contemplent ses plantes de pieds incrustées
de nacre en tenant tendrement par la main de jeunes thaïlandaises nouvellement conquises…
Puis, c’est la recherche, rendue pénible par le soleil implacable, du Wat Phrakéo. Epuisés, on se restaure tous les trois dans un excellent
restau juste en face de l’entrée : sweet & sour inoubliable. Puis on rentre. Chance, il se déroule une cérémonie officielle à entrée libre, et on évite
ainsi de payer les 10 baths d’entrée. {Qu’est-ce qu’on pouvait être radins, à l’époque !} Il s’agit de rien moins que de la visite du jeune roi de
Siam (dont tout le monde espère encore qu’il arrêtera la progression du communisme). Le temple est magnifique, mais la densité de touristes
atteint des sommets. L’Alhambra de Grenade au mois d’août !
Alors le temps se gâte, même le roi se fait arroser, et c’est sous une pluie battante et tiède qu’on rencontre notre ami Steve. Il a eu le temps
d’aller en Corée, au Japon, à Hongkong, et il est toujours aussi sympa. {Le prototype des voyages « sauts de carpe » de capitale en
capitale…}. On prend un pot ensemble, puis on se quitte avec promesse de se revoir à Chiang Maï. Pendant ce temps, Martine travaille Guy
au foie pour qu’il vienne avec nous dans le nord.
Puis on ramène Guy à l’Atlanta où l’on retrouve Hughes et Douglas, plus bizarres que jamais. Ils suivent passionnément les éditions de la
Gazette de Bangkok, qui raconte en première page, jour après jour, les inimaginables aventures de leur type (Charles Sobhraj, que l’on ne
tardera pas à nommer « Le Serpent »). La liste de cadavres qu’il abandonne derrière lui s’allonge. Est-ce ça, ou une autre substance, qui les
rend si vaseux ?