périple, rien ne prouve encore que notre pécule sera suffisant, nous avons quelques inquiétudes et surveillons le niveau des ressources. Nous
pensons parfois à l’hypothèse de chercher du travail pour arrondir les angles. Mais où et à quel prix ? Mais compte tenu des hébergements dont
on a profité là haut, ce n’est pas évident.
Nous pensons arriver à Mexico jeudi vu le nombre d’étapes que nous désirons faire. Peut-être retrouverons nous les danois de Grand Canyon ?
Mon espagnol ne fait pas merveille ; j’ai beaucoup oublié (je n’étais pas si mauvais, au lycée), et je viens de passer deux mois à rafraîchir mon
anglais : l’adaptation est difficile. De plus, vu nos faciès, on nous adresse systématiquement la parole dans la langue de Nixon ; on répond
obstinément avec les quelques mots de castillan à notre disposition. J’espère faire vite des progrès et retrouver ma facilité d’antan.
Mercredi 3 décembre, Morelia, Gérard
Nonobstant notre rendez-vous avec les danois, nous tentons le bus de Morelia. Que nous loupons d’ailleurs car nous oublions le décalage
horaire Pacifique / Guadalajara. (Ce qui prouve que les bus mexicains sont à l’heure !) (Lisant ces lignes à 60 ans passés, je me demande où
nous trouvions l’énergie de ces voyages sans fin, suivis d’incertitudes et de nuits inconfortables…).
Nous nous sommes payé la 1° classe de Los Mochis à Guadalajara, et la nuit fut assez réparatrice. Il faut tout de même une grande partie
de la journée (9 h 30 16 h 30) pour parcourir ces 280 Km ; en effet, nous entrons dans le monde à la fois délicieux et horripilant où les
transports en commun se plient aux volontés des voyageurs, et s’arrêtent au moindre signe au bord de la route. Montent alors les vendeurs de
fruits, de boissons, de tacos, les mémés chargées de poulets, Ça discute fort et gai, c’est animé et chaleureux. Nous sommes loin des US et de
l’ambiance plombée des Greyhound…
Puis c’est Morelia où nous tombons sur la première chambre venue, à 70 pesos. Nous comptons rester deux jours : cher ! Bah, les économies
seront pour Mexico ! De très bonne humeur, on visite cette jolie ville toute de maisons anciennes au type colonial, envahies de végétation
tropicale, nimbée d’une torpeur du même nom. Aux églises nous retrouvons le baroque espagnol, aux balcons le fer forgé. {Le souvenir que
nous gardons aujourd’hui est celui d’un décor artistique, travaillé, se dissolvant dans un certain abandon. L’histoire de l’Amérique latine telle
que la décrit Galeano, par exemple, explique sans doute ces soudaines accumulations de richesses tantôt abandonnées…}
La cité est peu touristique, et l’ambiance qui y règne la nuit tombée est l’antithèse de l’Amérique du Nord. Inutile de dire par où notre cœur
penche ! Toute la ville semble de sortie, les bancs publics sont pris d’assaut, il y a plein de couples d’amoureux, bref : la joie ! Après un bon
repas sur la place principale, on déclare que ça commence à bien faire pour la journée : au plumard. Demain il fera jour pour aller voir