Martine Nous visitons aussi une série de grottes, éclairés par des enfants portant des flambeaux : beaucoup de cercueils de bois, étagés sur des planches sous la voûte des grottes. Certains, sans doute les plus anciens, plus ou moins abandonnés se sont ouverts et l’on aperçoit ça et là des crânes, des tibias, parfois des lambeaux de chairs séchées ou d’étoffes. C’est assez macabre ! Certains de ces « cimetières » sont faits uniquement de petites loges fermées par des portes de bois peintes et sculptées. L’un ressemble à un immense œil (dixit Martin), percé de dizaines de petites portes… Au pied des rochers, des maisons miniatures sous lesquelles sont glissés les cercueils au moment de la cérémonie ; elles aussi sculptées et décorées à l’image des maisons réelles. Elles sont là abandonnées, se dégradant sous les pluies équatoriales, c’est grand dommage ! {Pour nous}. A proximité sont souvent accrochés les immenses chapeaux côniques que portaient les locataires… D’anciens cercueils en bois sculpté en forme de bateaux (comme les maisons) débordent de morceaux de squelettes… Après le repas de midi, à notre restaurant habituel à Rantepao, nous grimpons dans la montagne ; toujours les mêmes groupes de maisons décorées. Les paysages de rizières sont si beaux que l’on s’arrêterait tous les cent mètres : c’est extraordinaire de voir ces flancs de montagne découpés en lanières sinueuses et irrégulières, birllant souvent sous le soleil. Mais le temps se gâte en milieu d’après midi, et nous terminons l’excursion sous une pluie battante. {Phénomène quasi quotidien sous ces climats} Pour le lendemain, Martin et Youssouf nous proposent une cérémonie précédent une sépulture, avec sacrifice de buffles à la clé. C’est loin : une dizaine de km à parcourir à pieds dans la montagne. Mais nous sommes armés de courage, prêts à affronter fatigue, pluie et boue… Jeudi 4 mars, Rantepao, Gérard Donc, dès 8 h, départ avec Martin pour un village bien dissimulé dans la montagne. Comme hier, le temps est tout d’abord couvert, mais s’améliore rapidement, et le chemin nous réserve des scènes d’une grande beauté. On croise beaucoup de paysans, en route pour le marché de Mokalé, qui rejoignent Rantepao en trottinant de leurs pieds nus, porteurs d’énorme charges. Technique impressionnante… La denrée la plus prisée semble être le vin de palme, que l’on transporte dans des tubes de bambou que j’estime à 5 litres environ. Ils sont couramment liés en bottes de 8 tubes qui s’équilibrent pour le portage à l’épaule… Le calcul est vite fait ! D’autres portent des fruits, du bois, des paquets incertains. Le cochon voyage aussi de cette manière, mais avec deux porteurs ! Le chemin serpente entre les rizières, le long d’un ruisseau gorgé d’eau rouge comme la terre des champs ; de temps à autres il l’enjambe par un pont suspendu de bambou. Puis la pente se redresse, le chemin
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