premier taxi rencontré à un prix qui permet de vivre aisément une semaine au pays des moines bouddhistes. Nous ne mangeons pas de ce
whisky là !}
Nos amis les Arnould nous attendent bien dans le hall, et nous repartons fièrement dans une belle 504 avec chauffeur et climatisation. Leur
maison est confortable, mais un peu froide et impersonnelle, il est vrai, malgré tous les objets anciens et les souvenirs personnels qui peuplent
la maison : la typique résidence de l’ingénieur en longue mission. Et j’allais oublier deux perroquets bien vivants qui vivent en liberté en ne
cessent de traverser la pièce dans un grand froissement d’ailes.
Suzette (paléontologiste de son métier !) nous fait visiter fièrement son jardin luxuriant. Elle précise qu’elle est vraiment ravie d’être ici, et de
disposer de cet espace vert dans ce pays si riche en serpents qu’elle en découvre un nouveau tous les matins en arrosant ses plates-
bandes…{Encore un signe tangible des temps : dans ces années, l’ingénieur européen était missionné pour de longues périodes (plusieurs mois
à plusieurs années) ; il était confortablement logé, emmenait souvent sa famille, et apprenait à connaître le pays auquel il « apportait sa
science ». Là ou aujourd’hui, avion low-cost et Internet aidant, il ne se déplace plus que pour des « réunions » de quelques heures, et ignore
presque tout du pays et de la vie des gens pour lesquels il est sensé travailler…}
Sieste réparatrice, et comme au réveil il pleut toujours, nous n’allons faire qu’un bref tour à la Grande Pagode, dûment accompagnés par le
chauffeur. Là, c’est un pur émerveillement, surtout avec les premières lueurs du soir ! La Pagode centrale, entièrement dorée, est entourée
d’une multitude de petits temples, renfermant chacun son, ou ses Bouddhas, tous plus rutilants les uns que les autres, de cuivre, de laiton, de
céramiques, de stucs peints, aux lèvres rouge vif.
Il règne partout une atmosphère de gaîté, de sérénité et de recueillement proprement extraordinaires. Nous n’avons guère le temps de nous
attarder, car nos hôtes sont attendus pour un cocktail à l’ambassade, et ont besoin de leur chauffeur. Routards fauchés s’abstenir !
Nous prenons donc le repas en tête à tête, servis façon grand siècle par la cuisinière de la maison. Privés de chauffeur, nous nous couchons de
bonne heure pour notre première nuit au pays des Bouddhas dorés.
Mercredi 26 mai, Rangoon, Martine
Chez les Arnould
Lever tardif, petit déjeuner copieux ; personne ne se sent très en forme. Repas de la veille trop copieux ? Matinée occupée par les courses avec
Suzette : marché chinois, marché indien, elle connaît tout par cœur. De l’intérêt de fréquenter des expatriés…