Il est temps maintenant de faire des emplettes pour le voyage en bateau qui doit nous mener à Sumatra, et dont nous ne savons pas grand-
chose : restau, bar, boutiques à bord ?
Départ demain pour le détroit du Krakatoa, tristement célèbre.
Détroit de la Sonde, KM Batang-Hari, Sumatra
Samedi avril 1976, Batang-Hari, Gérard.
Bemo jusqu’à la station de bus, bus jusqu’au port où on se fait entuber par le contrôleur qui nous fait payer 100 rp le billet de 30 rp devant tout
le monde. On gueule, et on finit par se faire rembourser. {Etonnant, avec le recul, comme la voyage est marqué de « petites choses »…}
Tanjung priok à 10 h. Mais le navire n’est pas à quai, il ne partira finalement que demain. On se tâte un moment, puis on décide de rester sur
place ; du coup l’après midi se passe à poireauter. Je vais faire des courses avec un ricain de L. A. à Priok, très désagréable, où on se fait héler à
100 m pour acheter des bananes à 50 rp et des pommes de terre à 150 ! Quand nous rentrons, vers 18 h, coucher de soleil somptueux,
équatorial. Le bateau est là, et on monte sur le pont, qui grouille d’énormes cafards (10 cm au garrot). On s’installe pour la nuit entre un couple
d’américains et un néo-zélandais francophone (pas le modèle le plus courant) très sympa. Puis on va casser la croûte à terre, où on tombe sur
une indonésienne charmante, qui elle aussi parle français. Le soir, on s’endort difficilement dans la joyeuse animation qui règne sur les
planches.
Dimanche 4 avril, Batang-Hari, Gérard
De nouveau, on se prépare à une longue attente, car on est réveillés de bonne heure. On va faire une petite toilette de chat dans le hall d’accueil
du port, puis on prend un thé au bistrot (les toilettes du bateau ne sont guère tentantes, et pas de bar…). Le navire commence à se remplir
sérieusement, et notre lit improvisé est rapidement investi. Ça commence à être vraiment dégueulasse, les gens jetant tout sur le pont, et aucun
personnel ne nettoyant… On commence à comprendre la densité inédite de cafards. Puis les marins bâchent complètement le pont, et la chaleur
devient intenable. Ils se mettent ensuite en devoir de faire la cuisine sur le coin de notre lit (en fait un capot de la cale). Entre les relents de
chiottes et le parfum écoeurant du « campur », c’en est trop, et on déménage vers l’arrière, où plusieurs « routards » sont déjà installés. Midi
passe, on ne part pas : le capitaine n’est pas arrivé. L’air du port est lourd et immobile. A midi, on emprunte une assiette (surprenant de
voyager quand on ne connaît pas les règles ! Ici, apparemment, on apporte ses couverts.) et on file à la cuisine recevoir notre ration de « nasi