Sur Александр Пушкин (Alexandre Puskin)
Jeudi 28 septembre 1975. Martine.
{« Voilà. On est enfin partis ! », dit la première ligne de notre agenda à spirales, jauni bien sûr, dont les souvenirs glanés il ya trente-cinq ans
s’échappent, abandonnés par le ruban adhésif hors d’âge.}
Depuis presque deux jours nous naviguons sur l’Alexandr Pushkin, nous qui avions tant désiré partir en bateau pour ce voyage progressif et
en douceur.
Cabine simple, mais très confortable ; du solide : bois et métal, comme on s’attend à en trouver sur un bateau soviétique {En ce mois de
septembre 1975, l‘URSS a encore de beaux jours devant elle !}.
Pour parer à toute éventualité de disette, nous nous étions munis de deux gigantesques saucissons. Mais, bonne surprise, on est gavés comme
des papes, des menus à faire pâlir un grand restaurant parisien, plats bien préparés et bien présentés, et un service souriant et efficace. Nous
sommes comblés, tout y est : bars, salle de musique, salle de jeux, de gym, saunas, bibliothèque… Equipage et personnel de service sont aussi
musiciens et danseurs !
Dernière (bonne) surprise (pour nous ;-) ) : ici pas de distinction de classe (si ce n’est le confort des cabines tout de même). Ponts, coursives,
salles à manger, menus, tout est commun. Ce n’est pas la Cunard Line ! Le navire n’étant pas plein, l’équipage nous a même proposé une
cabine de seconde classe en place de notre cabine au troisième pont…
Le temps, correct depuis l’appareillage, se dégrade (et se refroidit) peu à peu.
Samedi 4 octobre. Gérard.
Depuis trois jours, « grand frais« . Pushkin bouge très peu (les stabilisateurs sont étudiés par IBM, nous a dit le chef mécanicien avec un clin
d’œil), et les activités vont bon train.
A bord, beaucoup de jeunes migrants avec qui nous sympathisons. Ça change des passagers traditionnels des paquebots. Nous sommes les
seuls de notre « espèce », voyageurs sans horaires, sans attaches et sans tracas. « Routards » selon le terme qui vient de naître à Paris…
Les autres : jeunes français pour la plupart, partis tenter l’aventure professionnelle chez nos frères d’outre Atlantique… certains ont déjà une