Samedi 10 juillet, Orient express. Nous n’avons pas vu grand-chose du fameux train de légende… dont la légende, déjà, était bien écornée. Il fut pour nous le trait d’union entre notre Grande Aventure et le retour au bercail, à l’Europe, à la vie active. Cela soulevait, bien sûr, les grandes questions philosophiques du voyage lointain… Que cherchions-nous si loin ? Combien de temps pouvions nous le chercher ? Existait-il un « ailleurs » puis désirable ? Peut on changer un européen de naissance en authentique sadou ? Au delà de notre individualité, où pouvait bien être notre place sociale ? Nous en avions une dans notre monde, à laquelle nous croyions ; mais les mondes que nous avions croisés avaient-ils un quelconque besoin de nous ? Et puis, il y avait la fatigue et l’usure. La séparation de nos amis, de nos parents, de nos lieux… Tout cela se ressent dans les derniers paragraphes de notre carnet de route… Bref, le train de légende fut un moyen de transport collectif bondé, comme tant d’autres depuis des mois. D’Istanbul à Sofia, une vieille paysanne chargée de paniers de marchandise, occupa l’une de nos deux places. Nous n’eûmes pas le coeur de la faire déguerpir, et aucun contrôleur ne le fit non plus… nous nous relayâmes donc à la place assise… A Sofia, l’arrêt se fit dans la nuit noire, et nous ne vîmes rien de cette capitale, non plus que du pays lui-même, alors coupé de l’Europe occidentale. A Milan, enfin, dernier arrêt avant les Alpes, le train stationna loguement, et je décidai d’aller chercher de quoi manger et de quoi boire. Fini les marchands ambulants de l’Orient… Mais au retour, je trouvai le quai vide, et j’eus un instant de panique en me trouvant au bord de la voie en chemise, muni de la monnaie des 5 dollars que je venais de changer pour acheter notre casse croûte. J’appris finalement que le train avait été déplacé sur un autre quai… Puis ce fut la plongée sous les Alpes, le Simplon, et l’arrivée de l’autre côté de la Suisse, où le train eut la gentillesse de nous poser près de Pontarlier… et où le père de Martine eut la bonté de venir nous chercher en auto… Il ne restait qu’à reprendre les kilos perdus, et à faire notre cette immense expérience qui nous habite toujours près d’un demi siècle plus tard... Ce n’est que plus tard que nous apprîmes l’explosion de Seveso, dans les faubourgs de Milan alors que nous y étions en arrêt. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_de_Seveso).
Carnet
La route du retour…
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