piste, un ami, une promesse d’emploi. Certaines même un mari ou ami. D’autres n’ont que des espoirs. Tous sont enthousiastes, gais, optimistes. Quelle bonne idée de n’avoir pas pris un avion de tour opérateur ! Encore deux jours de mer, puis ce sera le Saint-Laurent. Le vent, au droit du Groënland, souffle maintenant en tempête, et on s’enivre d’embruns de liberté sur le pont. Température glaciale déjà. Pourra-t-on rester au Canada avec nos légers équipements de routards ? Lundi 6 octobre. Gérard puis Martine. Les premiers goélands prennent la place des puffins du large. Après le repas de midi, on aperçoit Terre Neuve : tout le monde sur le pont ! Denise, la québequoise rencontrée au Havre nous invite chez sa sœur à Montréal. La nuit, malgré le temps assez couvert, nous voyons les lumières et les phares des deux côtés du détroit. Nous aurons pris, dans la tempête, cinq ou six heures de retard. Ce n’est pas pour nous déplaire, mais certains de nos compatriotes, préoccupés de leur futur travail ou des époux qui les attendent, sont pressés d’arriver. Nous commençons à mesurer la chance de notre situation insolite, ce mélange de liberté et d’incertitude qui va nous accompagner pendant tant de jours. {A vingt-cinq ans, une année semble une vie entière}. Les parties de dés et d’échecs se multiplient. Mais Bill Brauer est trop fort. Nous règlerons ça à San Francisco où nous promettons d’aller le voir. Ce soir, diner de gala et tenue de soirée conseillée. Mais nous n’avons que nos jeans, et pas la moindre queue de pie dans notre sac à dos. {La soirée, si mes souvenirs ne me trahissent pas, fut très gaie, animée par l’équipage et par certains passagers doués de talents de société. Musique, bal, imitateurs, sketches… la grande tradition des paquebots transatlantiques.} Déjà, nous regrettons ces presque amis que nous devrons quitter sans guère d’espoir de retour : une autre facette de notre condition… ... {Le débarquement à Montréal sera long et laborieux ; les douaniers soupçonneux ne trouvront pas nos saucissons... Et nous atterrirons, pour notre première nuit sur le Nouveau Monde, chez nos nouveaux amis.}
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Sur l’Atlantique
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